Faute d’entretien, le patrimoine de l’Etat se détériore et perd de la valeur. C’est donc d’une seule voix que le Grand Conseil a accepté lors de sa dernière session une demande de crédit du Conseil d’Etat de 18,5 millions de francs, destiné à combler le retard et à maintenir la valeur de ce patrimoine. J’ai eu l’honneur d’exprimer la position du groupe Vert’libéral-le Centre. Et non, contrairement à notre Conseil d’Etat qui m’a répondu sur l’appréciation jugée impertinente que nous devons rattraper la «nonchalance» de gouvernements précédents (!), je pense que les générations futures pourront nous reprocher, non d’en avoir «trop fait» mais plutôt de n’en avoir pas assez fait, tant sur le dossier de la rénovation des bâtiments que sur celui de l’urgence climatique!
Nous les aimons, nos châteaux. Nous les aimons, nos bâtiments datant d’avant le XXe siècle. Nous aimons cette pendule de l’antichambre de notre salle du Grand Conseil, dont nous avons appris que la restauration avait coûté 25’000 francs en entretien courant. Nous aurons particulièrement à cœur de regarder l’heure sur ce témoin austère et onéreux, majestueux vestige d’une époque où les smartphones ne rythmaient pas nos journées. »Nous les aimons, nos châteaux. Nous les aimons, nos bâtiments datant d’avant le XXe siècle. Nous aimons cette pendule de l’antichambre de notre salle du Grand Conseil, dont nous avons appris que la restauration avait coûté 25’000 francs en entretien courant. Nous aurons particulièrement à cœur de regarder l’heure sur ce témoin austère et onéreux, majestueux vestige d’une époque où les smartphones ne rythmaient pas nos journées.
Nous aimons un peu moins, nous devons l’avouer, certains bâtiments de type bunker en béton, construits dans les années septante, qui représentent pourtant une partie importante de nos immeubles.
Entre amour et désamour, ces bâtiments de diverses époques, de diverses natures, font aujourd’hui partie de notre patrimoine immobilier cantonal. Ils appartiennent aux Neuchâteloises et aux Neuchâtelois et ils ont une valeur qu’il s’agit de maintenir !
Leur entretien dit « lourd » relève donc de notre responsabilité et nous ne pouvons que déplorer que la nonchalance de prédécesseurs peu visionnaires nous mette aujourd’hui dans une situation de devoir rattraper des années voire des décennies de retard.
Nous avons particulièrement apprécié le rapport de 14 pages avec annexes qui explique avec clarté et concision le travail mené par le Service des bâtiments. Je le précise après avoir entendu des remarques à ce sujet, car la qualité d’un rapport ne se mesure certainement ni à sa longueur absolue, ni à une sorte de ratio entre le montant du crédit demandé et le nombre de pages produites, ni encore moins à la technicité du vocabulaire employé.
En termes de gestion, nous apprécions particulièrement la complémentarité des actions présentées dans ce dossier, qui démontre le souci d’une vision à long terme de l’entretien de notre patrimoine immobilier, ceci à travers trois types d’action : l’entretien courant, les travaux d’assainissement et l’entretien lourd, qui nous occupe aujourd’hui, sous la forme de ce crédit-cadre quadriennal.
En tant que parlementaires, nous n’avons pas vocation à nous substituer à nos spécialistes, mais avant d’engager un crédit aussi important, le groupe Vert’libéraux-Le Centre souhaite s’assurer que toutes les options ont été envisagées, en prenant un peu de recul et en ayant le courage de quelques questions impertinentes, dont voici l’essentiel :
- A-t-on envisagé de vendre certains bâtiments de valeur?
- Plutôt que mettre des emplâtres sur des jambes de bois, ne faudrait-il pas abattre certains bâtiments qui sont des verrues architecturales et des passoires au niveau énergétique pour en reconstruire de nouveaux?
- Des subventions fédérales – celles liées à la partie énergétique, par son programme bâtiments, et celles liées à l’accessibilité et à l’inclusion, par la loi fédérale sur l’élimination des inégalités frappant les personnes handicapées – , pourront-elles être perçues ? Si oui ont-elles été prises en compte?
- Se donne-t-on vraiment les moyens de nos ambitions, alors qu’avec ce crédit on n’atteint même pas un ratio d’entretien de 1% ?
- Enfin, quelle part ces investissements représentent-ils pour atteindre les objectifs en termes d’émission et de consommation énergétique visés par le plan climat ?
Dans l’attente des réponses du Conseil d’Etat et ne doutant pas que ces différentes options ont été envisagées par les spécialistes, nous accepterons cette demande de crédit et remercions l’équipe du Service des bâtiments pour son excellent travail.
Rapport 22.038 CE Entretien constructif du patrimoine
Rapport 22.038 Commission de gestion
Article Arcinfo 21 février 2023

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